témoignage touchant d’une cliente
Aujourd’hui je le dis, en toute modestie…
«Il y a bientôt 1 an, à l’âge de 27 ans, je faisais mon entrée dans la cour des grands. Cette grande cour qui m’ouvrait enfin ses portes alors que j’ai toujours été persuadée que j’étais de celle qui n’en franchirait jamais le seuil.
Après avoir trimé dur durant mes 5 années au secondaire, à 17 ans, j’ai entamé des études en Travail social au cégep du vieux Montréal, puis en Éducation spécialisée au cégep de Sherbrooke. Finalement, du haut de mes 19 ans, j’abandonnais l’idée de poursuivre des études puisque je m’en croyais incapable, convaincue que j’étais atteinte d’une paresse intellectuelle quelconque.
Pour moi, à cette époque et durant toute ma vie, plusieurs concepts sont restés flous, d’une part, dans ma vie quotidienne tel que : fermer une porte d’armoire, éteindre une lumière, barrer une porte, remettre quelque chose à sa place… mes effets personnels n’ont jamais eu d’endroit attitré, l’expression chaque chose à sa place n’a jamais fait partie de mon vocabulaire. Chez moi, il était très facile pour mes parents de refaire l’itinéraire d’où j’étais passée dans la maison en y laissant mes traces d’un déficit d’attention.
D’autre part, dans ma vie scolaire, les concepts tels que : restée attentive, comprendre et respecter les consignes, lire un livre sans relire 3 fois la même phrase, me rallier au rythme du groupe, ou simplement suivre une conversation, c’était-là des notions auxquels il m’était vraiment difficile d’adhérer. Pour moi une journée à l’école ressemblait plus à des histoires qui prenaient forme dans ma tête et où je donnais vie à des milliers de pensées et images qui captais mon attention avec une si grande facilité que ça rendait invisible tout ce qui se passait autour de moi.
C’est dans cette conception où règne le chaos dans ma tête que j’ai grandi, en étant persuadée que c’était la normalité, du moins c’était ma réalité. C’est donc, sans l’once d’une organisation personnelle et après être passé maître de l’art de la procrastination que j’ai décidé de quitter l’école avec seulement en poche mon diplôme d’études secondaires.
Après 9 ans sur le marché du travail à cumuler les emplois, à travailler un maximum pour un salaire minimum, j’ai compris que la vie ne me ferait pas de cadeaux simplement parce que je le méritais. L’éducation est essentielle dans ce monde où l’on gravit les échelons. Après tant d’années, à jouir d’une indépendance financière aussi minime soit-elle, j’ai décidé encore une fois de tout abandonner pour aller cogner à la porte de la cour des grands.
C’était il y a maintenant bientôt 1 an que j’ai fait mon entrée à l’université des HEC pour y faire mon BAC en gestion. Dans cette cour d’école que je croyais réservé qu’aux autres, qu’à l’élite. J’y suis entrée avec la peur au ventre, avec cette inquiétude de ne pas pouvoir y arriver et de devoir abandonner à nouveau, de ne pas avoir l’intelligence suffisante, de ne pas être à la hauteur de mes compagnons de classe avec seulement mon diplôme d’études secondaires en poche. Mais par-dessus tout, j’y suis entrée avec une immense motivation, beaucoup de courage et un appui inconditionnel des gens qui m’entourent.
La réussite n’est pas innée chez moi… Entamer 1001 projets sans jamais n’en finir aucun, aboutissants sur une tablette aux oubliettes, l’échec et le découragement de ne pas finir ce que j’entreprends, c’est là toute la définition de ce que j’ai toujours commencé dans ma vie… Ma réussite est le fruit d’un travail acharné et de persévérance constance, du renouvellement quotidien de mes objectifs et d’une grande motivation alimentée jour après jour par le support de mes amis et famille qui croient en moi.
Être diagnostiqué TDAH à 27 ans a changé ma vie et sans aucun doute le cours de mon histoire. Comprendre que je n’étais pas atteinte d’une paresse intellectuelle, mais d’un désordre neurologique dont je n’étais pas responsable et que même avec toute la volonté du monde je ne parviendrais pas à m’en débarrasser. Rencontrer l’équipe de la Clinique de TDAH de Montréal m’a permis de constater que non seulement je n’étais pas la seule, mais qu’en plus ils étaient en mesure de m’aider.
Après maintenant 6 mois avec une médication quotidienne, je suis en mesure de constater à quel point la vie est belle et simple lorsque nous avons les idées claires et que chacune d’elle est en ordre à sa place. Aujourd’hui, je le dis en toute modestie, j’ai su faire ma place dans la cour des grands. En mai, j’ai terminé ma 1ere année d’étude universitaire alors que j’ai toujours été persuadée que je n’en franchirais jamais le seuil. Après une année de travail acharné, de persévérance constante, et d’accommodements offerts par l’université pour m’aider dans ma réussite, j’ai terminé l’année en me taillant une place parmi les meilleurs. Aujourd’hui c’est moi l’élite. Je suis l’heureuse propriétaire d’une moyenne universitaire de 4 / 4.3 résultat de beaucoup d’efforts.
Ces efforts me qualifient aujourd’hui pour une bourse d’excellence dans mes études, offerte à ceux qui se démarquent par des résultats académiques exceptionnels. Moi qui ai toujours été persuadée de ne jamais franchir le seuil des études universitaire, voilà que maintenant s’ouvre pour moi, la porte à des études de 2e cycle à la maîtrise suite aux recommandations de certains professeurs.
Aujourd’hui, je le dis, en toute modestie, pour une fois dans ma vie, je suis fière de ce que j’ai accompli !!! Aujourd’hui, je dis merci à tous ceux qui m’ont accompagnés, encouragés et soutenus dans ce retour aux études et qui continueront à le faire. Aujourd’hui, je dis merci à toute l’équipe de la clinique de TDAH de Montréal pour adulte qui ont mis en lumière cette partie en moi qui jusqu’à présente était resté sombre. Aujourd’hui je dis merci à l’université qui a un programme exceptionnel d’aide aux étudiants afin d’être partenaire de notre réussite. Aujourd’hui, je dis à tous ceux qui ont un TDAH ou qu’ils sont convaincus d’être atteints de paresse intellectuelle qu’il y a de l’espoir et qu’il suffit de ne jamais arrêter de croire en soi, qu’avec de la détermination et une bonne dose d’effort tout est possible…
J’étais fière de dire j’ai commencé, aujourd’hui, je suis encore plus fière de dire j’ai réussi !! » E.